Joseph Rivière
Avec une constance remarquable, Rivière s’attache à dépasser les contraintes de son art. Il soustrait à l’apesanteur la matière même qu’il façonne. Il anime ainsi ses figures d’une sorte d’énergie intérieure et les projette dans l’espace où elles paraissent continuer de palpiter, de se mouvoir de manière autonome. Rivière place non seulement la représentation humaine mais encore la condition humaine au coeur de la reflexion sur la sculpture. La qualité prométhéenne de son art y trouve sa vraie mesure. S’il demeure l’un des meilleurs défenseurs de la sculpture figurative dans l’après-guerre, au sein du Salon de la jeune sculpture en particulier, il n’entre pas dans sa démarche de combattre les recherches formelles de l’abstraction. Rivière construit d’ailleurs ses modèles sur une géométrie simple, il donne de l’ampleur à ses volumes et épure le tracé ou la courbe de ses lignes, dans un esprit de dialogue et non d’opposition avec les préoccupations contemporaines de l’abstraction lyrique ou géométrique. Le rapport de la figure humaine à la structure abstraite est comparable à celui qui lie, selon lui, la sculpture à l’architecture : « Si la sculpture doit obéir aux lois de l’architecture, elle ne doit pas cependant être sous sa tutelle trop étroite : elle doit lui donner vie et l’animer ». Là n’est pas le moindre paradoxe, ni la moindre séduction d’un art monumental épris de légèreté. Olivier Le Bihan, conservateur du musée des Beaux-Arts de Troyes.
Catalogue raisonné de l’oeuvre en vente à la galerie.