WILLEQUET
Oeuvres disponibles:
– « Homme couché »
– « Grande Naïade »
André WILLEQUET (1921 – 1998)
André Willequet est né à Bruxelles en 1921.
1923
Son père Léo est envoyé en mission au Grand-Duché du Luxembourg. La Famille s’y installe et les deux garçons y font leurs études primaires et secondaires.
1926
De ses terres d’enfance, cette « Sibérie culturelle » qu’incarne alors à ses yeux le Luxembourg, André Willequet garde les traces de plaisirs simples comme ses premiers contacts avec les terres argileuses. Au sol luxembourgeois, il doit donc le germe d’une vocation à laquelle il choisit de donner corps dans ce qui sera et restera, sa ville d’élection: Bruxelles.
1928
Après l’argile, le futur sculpteur s’attaque au bois.
1935
André Willequet, en autodidacte d’abord, apprend les rudiments de la sculpture chez un artiste luxembourgeois, Lucien Wercollier. Il profitera de ses enseignements jusqu’à son départ pour Bruxelles en 1940.
1935-1940
Féru de dessin, André Willequet croque et modèle ses camarades d’école, son frère, son père. Ses premières amours se tournent résolument vers la représentation humaine, , préoccupation qui ne le quittera plus.
1940-1945
Le début des hostilités et l’annexion du Grand-Duché signent le retour de la famille à Bruxelles. André Willequet, réformé pour des raisons de santé, passe les années de guerre sous les auspices de la formation. Il entre pour cinq ans dans l’atelier de sculpture monumentale d’Oscar Jespers à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels, La Cambre. D’Oscar Jespers, son professeur, restera un certain goût pour Aristide Maillol et Rik Wouters mais jamais les traces d’une relation privilégiée ni même les marques d’un soutien tant attendu. En 1943, il se lie d’amitié avec les sculpteurs Charles Leplae et Henri Puvrez. Il rencontre l’historien de l’art et poète Philippe Roberts-Jones. En 1944, il scelle cette rencontre en réalisant le premier bronze de l’historien.
1945
André Willequet épouse Odette Du Vivier.
1946
La fin de la guerre signifie pour le sculpteur la découverte de quelques grands noms sui seront ses référents artistiques: Brancusi, Zadkine, Moore, Picasso… autant d’influences retardées par la guerre, qui désarçonne le jeune diplômé.
1947
Il reçoit sa première reconnaissance officielle avec le second prix de Rome pour son éphèbe « Adolescent ». Au plâtre des premières oeuvres se substitue rapidement la pierre, première des trois matières d’élection du sculpteur. Le sculpteur envisage à cette époque le matériau brut comme un volume massif, une entité formelle fermée sur elle-même.
Après guerre, la scène artistique belge s’ouvre à nouveau au jeu des influences étrangères. Pour André Willequet, elles signent une progressive conquête du volume et sa mise en espace qui prennent le pas sur la fidélité au modèle. Le sculpteur épouse alors une veine artistique à la lisière de l’abstraction.
1948
La famille Willequet déménage et s’instale à Uccle.
Pour André Willequet commence le temps des rencontres. Son voyage d’étude en France, suite au prix de Rome, lui ouvre de nouvelles perspectives. L’art roman le marque particulièrement et imprime les premières traces d’une réflexion sur le rapport entre la sculpture et son environnement. Ile-de-France, Bourgogne, Le Louvre, l’Art roman et gothique, le Musée Guimet et les arts d’Afrique et d’Océanie… ses découvertes le confortent paradoxalement à son premier blocage créatif. A Paris, dans l’atelier du sculpteur breton Jean Poutriquet, il trouve la sérénité nécessaire à sa remise au travail.
L’artiste rencontre trois figures majeures de la sculpture dont les résonances tant humaines qu’artistiques baliseront les années créatrices à venir. Recommandé par Paul Fierens et introduit par le conservateur du Musée d’Art Moderne de Paris, Jean Cassou, André Willequet approche les monstres sacrés que sont Ossip Zadkine, Henri Laurens et Constantin Brancusi.
1950
La Galerie Georges Giroux à Bruxelles accueille le Groupe « Présence ». André Willequet signe son unique et éphémère collaboration à un collectif d’artistes. A cette époque, les préoccupations du sculpteur se portent sur une thématique chère à Henry Moore: les maternités. Ce sujet archétypal du sculpteur anglo-saxon s’affirme, tout en rondeur, sous les mains de l’artiste belge qui polit de courbes sensuelles les axiomes figuratifs. Le rendu de l’éternel féminin se simplifie et choisit de s’exprimer en une succession de galbes.
1951-1952
André Willequet est lauréat du prix Louis Schmidt de sculpture. En point d’orgue de son péril d’apprentissage, André Willequet bénéficie de la bourse d’étude du Britisch Council qui lui permet de fréquenter le Royal College of Art à Londres. Le sculpteur s’y nourrit du travail d’Henry Moore qu’il rencontre et qui le conforte dans cette idée de « transposition métaphorique de la réalité ».
Pour éviter l’anémie esthétique, l’artiste s’oriente vers le vitalisme défendu par Henry Moore. L’immatériel se fait matière à prospection; l’espace est découpé. A la recherche des formes et du volumes vient s’adjoindre celle de la mise en creux. L’artiste brise le mur du volume plein et ajoute à ses sculptures une tension dynamique.
1955 André Willequet expose en duo avec Lismonde à la Galerie Veranneman à Courtrai.
1956
En décembre s’ouvre la premières exposition personnelle de l’artiste au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Marbre noir, marbre de Bourgogne, bronze, bois d’if, acier battu, pierre de France, schiste ou terre cuite, le sculpteur semble tenaillé par une curiosité insatiable pour la diversité. Les préoccupations formelles de l’artiste se précisent et son rapport à l’espace est en recherche d’équilibre. Avec un constant souci de réflexion sur le rapport entre le dedans et le dehors, le vide et le plein, le sculpteur n’en est pas moins attentif à l’épiderme des matériaux.
1958
A l’occasion de l’Exposition Universelle, le sculpteur reçoit commande pour la réalisation d’un signe monumental en fer intitulé « La Porte du Bénélux ».
1959
L’artiste découvre Rome et Florence grâce à la Bourse des accords italo-belges. Il y rencontre le sculpteur André Carcan. Après un séjour de quatre mois sous le soleil d’Italie, c’est à l’Autriche de l’accueillir pour deux mois en tant que membre du Symposion Europäischer Bildauer où il pratique la taille directe aux côtés de Dodeigne et de Jacques Moeschal. Ce symposium restera pour André Willequet la première occasion de tailler en plein air et de libérer la monumentalité des formes.
1960-1965
Le travail de découpe dans l’espace marque la phase la plus abstraite de l’oeuvre d’André Willequet. Elle révèle parallèlement un bref abandon du travail de la taille directe, chère au sculpteur
1963
L’architecte Gustave Pappaert réalise le home au Val -des-Roses à Forest. Il propose au Conseil Communal la collaboration d’André Willequet pour la réalisation d’un bronze. « La Fin du Jour »
est placée à l’entrée du site.
Mars: exposition personnelle au Musée des Beaux-Arts de Verviers.
1964
Exposition personnelle au Centre Culturel d’Ostende.
1965
Il devient professeur de sculpture à mi-temps à l’Ecole des Arts et Métiers d’Etterbeek où il enseigne jusqu’en 1975. En Novembre le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles lui consacre une nouvelle exposition personnelle.
1966
Exposition personnelle à Bruxelles à la Galerie Espace. Léon-Louis Sosset écrit: « Quel que soit le matériau traité et les sensations formelles qu’il lui prête, le rayonnement intérieur transparaît avec mesure et confère un ordre profond à la diversité de l’aspiration plastique. » (Les Beaux-Arts, 20 octobre)
1968
Première exposition personnelle à Bruxelles à la New Smith Gallery, chez Richard Lucas.
Alors qu’en mai 1968, les jeunes scandent « sous les pavés, la plage », André Willequet se voit confier la commande de sept bronzes pour le labyrinthe du « Cantique des Cantiques » dessiné par l’architecte de jardin René Perchère au Musée Van Buuren.
André Willequet signe un contrat avec la New Smith Gallery en novembre. S’en suivront plusieurs expositions personnelles.
1970
L’année 1970 marque le début des premiers reliefs sur papier réalisés avec une presse de graveur. monotypes, empreintes, dessins et croquis viennent s’adjoindre au travail du sculpteur.
1971
André Willequet est lauréat du Concours de Sculpture pour la Piscine de Longchamps à Uccle (Bruxelles).
1973
André Willequet expose dessins, empreintes et sculptures à Bruxelles à la New Smith Gallery. En Juin, il expose des bois et des bronzes au ch^âteau de Beloeil. André Willequet, en novembre, est invité à exposer à l’Université de Mexico aux côtés de Lismonde et Jacques Meuris.
Dès 1974, le sculpteur fait partie des membres fondateurs d’Artes Bruxellae. il participera à de très nombreuses expositions collectives dans le cadre de cette association ayant pour but de promouvoir l’art bruxellois.
De 1975 à 1982, il dirige l’école de bijouterie de l’Institut des Arts et Métiers de Bruxelles. André Willequet compte dans sa production artistique une série de « petites sculptures portables ». Le palais des Arts et de la Culture de Brest accueille André Willequet.
1977
La New Smith Gallery expose les oeuvres récentes d’André Willequet.
1978
Jusqu’en 1991, on retrouve André Willequet chaque année, à l’exception de 1983, au Symposium des Avins-en-Condroz où il côtoie Michel Smolders, Jacky Lecouturier, Marcus De Vestelle, Frans Claes, Thierry Verhellen, Annie Palisot, Pol Lemaire, Anne Cornil, Philippe Jacques…
1981-1984
André Willequet réalise les grilles monumentales du Musée d’Art Moderne de Bruxelles aux côtés Roger Bastin.
1985
Philippe Robert-Jones, Conservateur en chef des Musées royaux de Belgique, réalise le premier ouvrage consacré au travail de son ami. A l’occasion de la publication de la monographie « André Willequet ou la multiplicité du regard », la Fondation pour l’Art belge contemporain à Bruxelles et la centre culturel mutualiste exposent le sculpteur. ANdré Willequet est élu membre correspondant de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique en 1985 et membre titulaire en 1997. Cette reconnaissance importante à ses yeux lui permet de retrouver ou de nouer contact avec des musiciens, plasticiens ou hommes de lettres belges.
1987
L’International Art Gallery à Lasne expose André Willequet.
1989
La Galerie léa Gredt à Luxembourg expose Pierre Alechinsky, Joan Miro et André Willequet. Le sculpteur remporte le second prix du concours international de sculpture pour l’aménagement d’une place à Luxembourg.
1991
André Willequet inaugure la saison à la Galerie Ruben Forni. A soixante dix ans, cette exposition fait date dans la carrière de l’artiste puisqu’elle met à l’honneur son travail à la cire perdue. L’année suivante, André Willequet participe à l’International Symposium on Marble Sculpture à Thasos en Macédoine. La Galerie Michel Roorijck à Gand le présente.
1996
La Galerie de Prêt d’Oeuvres d’Art accueille Luc Hoenraet et André Willequet.
1997
Le Roi Albert II et la reine Paola invitent un grand nombre d’artistes à une réception au Palais. La Reine offre à Willequet un tronc récemment coupé dans les jardins de Laeken. André Willequet, enthousiaste, s’attaque très vite à ce tilleul encore gorgé de sève. Le sculpteur achève « La parole secrète » le 30 juin 1998, à la veille de son décès.
« Il laissera le souvenir d’un plasticien discret et d’une oeuvre de grande qualité qui résistera aux vents et marées de la confusion actuelle. (…) Sa modernité indiscutable, nourrie d’une vraie culturelle visuelle, n’est jamais exempte de ce sentiment classique de la beauté qui inscrit l’oeuvre, sans la dater, dans le temps et l’histoire. (…) C’était cela Willequet, une oeuvre ouverte à la circulation de temps révolus sans tricher avec son époque. »