Raymond Delamarre
Raymond Delamarre est né à Paris en 1890 et mort le 28 février 1986.
Fils d’artisan bijoutier, il commence sa formation par un apprentissage de graveur.
A 17 ans, il entre à l’Ecole des Beaux Arts dans l’atelier du sculpteur Coutan et s’oriente de bonne heure vers la sculpture.
Il se lie très tôt d’amitié avec le sculpteur Georges Saupique.
Quelques années d’école lui laissent le sentiment que d’autres voies pourraient s’ouvrir à de jeunes artistes. Le monde des arts était alors bouleversé par la révolution que représentaient les oeuvres de Rodin et de ses disciples. Le hasard met Delamarre en contact avec ce milieu et c’est plein d’enthousiasme qu’il aborde cette expérience et cette vision nouvelle de la nature, découvrant enfin un “métier” jusqu’alors empirique.
Le service militaire et la guerre de 14 freinent cet élan.
En 1919, Rodin disparu et avec lui bien des projets et des espoirs, Delamarre non encore démobilisé obtient une permission pour concourir pour le Prix de Rome dont le sujet était “ Le retour du guerrier à son foyer” et le gagne.
Premier grand Prix de Rome, la même année que Janniot, il part avec lui en 1920 pour quatre ans à Rome, à la Villa Médicis: il réalise de nombreuses sculptures “Monument aux morts de la guerre du séminaire français de Rome” et envois de Rome à Paris, le “Diadumène”, “David”, “Suzanne”. Il garde un souvenir “merveilleux” de ce long séjour en Italie, entrecoupé par un séjour à l’Ecole Française d’Athènes. C’est aussi à Rome qu’il rencontre les meilleurs architectes de son temps comme Roux-Spitz, pensionnaire comme lui à la Villa Médicis. Puis il revient à Paris, et dès 1924 s’installe dans un atelier rue Mathurin-Régnie. Son art s’est épanoui grâce à son intégration, à sa symbiose avec l’architecture tant intèrieure qu’ extèrieure.
L’exposition de 1925 sur l’esplanade des Invalides va lui donner sa chance en montrant des pièces d’appartement où la sculpture de Wlérick et celle de Delamarre figurent et en lui proposant des fontaines, bas-reliefs et tympans qui attireront sur lui l’attention. C’est à cette époque que la Compagnie du Canal de Suez lance un concours pour un monument à élever à Ismaïlia, en Egypte, pour commémorer la défense victorieuse du Canal pendant la guerre 1914-1918. Participant au concours avec son ami l’architecte Roux-Spitz, leur projet emporte le premier Prix et l’exécution du monument. Il réalise, à l’entrée du Canal, deux statues en granit gris rosé de 8 mètres de haut sur 13 mètres de longueur d’ailes; imposante et majestueuse réalisation que les navires saluent au passage.
1937, la grande exposition; dominant le Palais de Chaillot, c’est un groupe de trois personnages de quatre mètres de haut incarnant les Connaissances Humaines et faisant pendant au groupe de Sarrabezolles; impressionnante réalisation d’un art de haute inspiration où le charme s’allie à la force.
L’Exposition Coloniale puis celle de Bruxelles n’ont fait que confirmer son talent et les commandes arrivent, figures de marbre ou de bronze, portraits, bustes, bas-reliefs destinés à des décorations d’intérieur comme le seront en 1935 celles du Normandie, bas-relief doré de 6 mètres de haut, Les Arts et monuments régionaux de Normandie, tout lui est offert.
Si la guerre de 1939 interrompt ses travaux, ceux-ci ne tarderont pas à reprendre et il se verra offrir de très importants programmes. Seize hauts-reliefs, quatre-vingt quatorze mètres carrés de sculpture pour l’Hôpital régional de Nantes, il fera pour les Invalides de Paris une colossale statue de Guillaume Coustou.
L’Hôtel de Ville de Grand-Couronne, l’Hôtel des Postes de Louviers, celui des Chèques Postaux de Dijon seront décorés par lui. Il réalisera également le fronton du Ministère de la Justice, rue Cambon, à Paris, puis des lycées à Brest, Perpignan, Fort-de-France, recevront ses oeuvres.
Tous ceux qui l’ont bien connu peuvent témoigner de l’ardeur qu’il apportait à promouvoir ou à défendre la conception d’un art tendu vers un idéal qui élève l’artiste en élevant les autres.
Les “Béatitudes” qu’il sculpta en 1931 sont un exemple de pure et intense spiritualité faite de force et d’harmonie et que dire de ces torses, ces nymphes, ces athlètes dont la vie, avec le sang, transparaît sous le marbre. En toutes ses oeuvres, c’est un chant , un cri, un appel vers la beauté, l’harmonie, la joie.
Il fut membre du Comité des Artistes Français, de celui de la Fondation Taylor. Raymond Delamarre anima pendant plus de dix ans (1961 – 1973) avec Edmée Larnaudi, les Ateliers d’Art sacré, place Furstenberg, qu’avaient dirigés auparavant Maurice Denis et G. Desvallières. Il était Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaille d’Honneur des Artistes Français, Prix Sandoz, Grand Prix Léon-Georges Baudry.
Des statues, des marbres ou des bronzes, trouvent leur place dans des Musées, des jardins ou des intèrieurs, et enfin la Médaille, retrouvée à son retour de Rome, s’insère sans problème dans cette production. Elle participe à la fois de l’esprit monumental et de la sensibilité de leur auteur; des monuments sont nés d’une médaille et souvent aussi sont le prétexte de médailles ou de plaquettes toujours conçues en sculpteur et en artisan graveur, écartant l’effet pittoresque, et paradoxal, du modelage et de ce qu’il apporte de pictural dans un art qui doit être de rigueur et d’acier.
Il disparut le 28 février 1986. Après avoir travaillé dans son atelier parisien jusqu’au dernier jour, il s’endormit calmement dans la nuit au soir de sa vie .