Alfred Courmes
Alfred Courmes est né à Bormes-les-Mimosas en 1898 ( le 21 mai ) et mort à Paris en 1993.
Après ses études secondaires à Monaco, son père officier de marine l’encourage dans son envie d’être peintre.
Élève de Roger de La Fresnaye dont il sera le seul disciple, Courmes s’installe à Paris en 1925, et expose au Salon des indépendants et au Salon d’automne. Il réalise des toiles cubistes : Nature morte cubiste au pinceau, en 1921, peint des portraits comme celui de Peggy Guggenheim. Il s’installe à Ostende l’année suivante et fait la connaissance de Ensor, Constant Permeke, et Félix Labisse. Il s’imprègne en même temps de la peinture de Van Eyck, Hans Holbein, Dürer, Brueghel… en visitant les musées de Bruges, de Gand.
En 1929, il peint l’Homme blessé en hommage à Roger de La Fresnaye.
Cette confrontation entre le classicisme et cette vision surréaliste et expressionniste seront des références permanentes pour Courmes. Surnommé L’Ange du mauvais goûtpar ses détracteurs, il détourne souvent dans ses tableaux des thèmes mythologiques (Sphinge, Minotaure, Œdipe) ou chrétienne (Saint Sébastien, Saint Antoine, le Christ en croix) à des fins humoristiques ou à consonances sexuelles, parfois nettement homoérotiques. Il n’est pas rare que des objets modernes (bicyclettes, haltères) ou des vêtements contemporains (bas de soie, shorts, habits de marins) soient associés à des univers de l’Antiquité ou du Moyen Âge. Il emprunte également à l’imagerie des publicités de son temps (fillette et logo des Chocolats Menier, Bibendum de Michelin, paquets de lessive, étiquettes de Camembert) et à la photographie des journaux à sensations (meurtres sanglants, criminels, détachements de militaires) pour susciter des anachronismes cocasses ou blasphématoires.
En 1930, il s’installe à Paris et reçoit en 1936 le prix Paul Guillaume (partagé avec Tal-Coat) pour Saint Sébastien, un exemple typique de son style. Le tableau brocarde l’iconographie chrétienne traditionnelle en représentant le saint sous les traits d’un matelot et en utilisant des références à la publicité contemporaine : la fillette des Chocolats Menier tâte les parties génitales du saint attaché à un arbre, tout en lui plantant une flèche dans le flanc ; le tout est ceint par le cercle bleu d’une marque de Camembert qui livre des informations sur le peintre et sa toile. Ce succès lui permet d’obtenir une commande en 1937, Le Toucher pour le pavillon de la manufacture de Sèvres à l’Exposition internationale de Paris. En 1938, Albert Sarraut, Ministre de l’Éducation nationale lui propose la décoration murale de la salle à manger de l’ambassade de France à Ottawa au Canada et en compagnie d’autres artistes : cent vingt mètres carrés peints à la cire dont le thème sera la France heureuse, qui lui demandera deux ans de travail et se terminera la veille de la Deuxième Guerre mondiale, elle est signée et datée du 21 juillet 1939, 3 heures du matin. En 1946, il participe à l’Exposition surréaliste de Lille avec Magritte et son ami Clovis Trouille, à partir de 1957, il expose régulièrement au Salon de Mai et en 1971 lors de l’exposition Les Autres organisée par Yves Hamon à Bordeaux. Courmes est reconnu comme précurseur d’une génération de jeunes peintres qui exposent avec lui, à la Galerie nationale du Grand Palais en 1972 dans l’exposition 12 ans d’art contemporain, et reçoit le prix Panique. Il sera présent à l’exposition Mythologies Quotidiennes au musée d’art moderne de la ville de Paris en 1976, ainsi qu’à l’exposition Les Réalismes entre révolution et réaction 1919-1939 au Centre Georges-Pompidou. Il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 1991, il vit et peint jusqu’à sa mort le 8 janvier 1993.
Il est enterré à Chatillon-en-Diois.
“Un classique d’avant-garde”: Alfred Courmes est inclassable. Toute tentative ne ferait que caricaturer l’homme et son oeuvre. Alfred Courmes est plus sûrement l’un de ces peintres rares dont la solide culture et une technique classique ont été étrangement mises au service de l’humour cynique et d’un esprit décapant. Longtemps incompris, “cet homme des musées” n’a jamais cédé à la facilité. Il a suivi son chemin intelligent et impertinent, entre gloire et oubli, sans abandonner ses convictions. Et sans se départir jamais, ni de son humour, ni de sa poésie.
Sans cesse entre le réel et absurde, illusion et allusion, ce classique d’avant-garde a développé une peinture très originale, “fringante ou bizarre”, à contre-courant des modes et jouant sur tous les
registres. Il y a toujours à découvrir dans ses toiles. Son oeuvre fine et soignée véhicule de nombreux messages pas toujours faciles à déchiffrer.
Aujourd’hui, la valeur de cet artiste singulier et attachant est enfin reconnue et les milieux de l’art lui accordent désormais un rôle essentiel de précurseur. De jeunes peintres ont salué en lui l’initiateur d’une certaine modernité avec son “impossibilité de classification”, son “luxe peu banal et presque oublié” et son appropriation de l’imagerie publicitaire.
“ Courmes, peintre des temps modernes, est bien un parfait modèle de l’heure délicieusement mourante”. Gaston Chaissac
1898 Naissance à Bormes (Var) dans une famille d’officiers de marine et de propriétaires terriens.
1906-1916 Etudes secondaires dans diverses institutions religieuses au gré des affectations de son père, puis au lycée de Monaco.
1919 Rencontre le peintre Roger de La Fresnaye dont il subit l’influence et avec qui il correspond jusqu’à sa mort en 1925.
1922-1926 Réside au Lavandou. Période heureuse et insouciante des débuts de sa création artistique.
1927-1929 Vit en Belgique et épouse Henriette Van de Put, d’origine flamande. Etudie les maîtres des écoles du Nord et se lie avec Ensor, Permeke et Labisse.
1930 Installation définitive à Paris. D’abord rue Saint-Lazarrz, puis 4, rue des Ecluses-Saint- Martin.
1935 Début de notoriété. L’Etat français achète un Couple à Bicyclette (actuellement Musée d’Alger) et le conservateur du Musée d’art moderne de New York acquiert à titre personnel le Saint- Sébastien à l’ écluse.
1936 Prix Paul-Guillaume pour un accrochage comportant le Marin au bar.
1937 Commande par l’Etat d’une peinture pour le Pavillon de Sèvres à l’exposition internationale de Paris.
1938-1939 Nouvelle commande: une peinture murale à la cire de 120m2 sur le thème de la France heureuse pour la salle à manger à l’ambassade de France au Canada. Second mariage à Ottawa avec Lucile Robillard.
1939-1945 Moniteur d’arts plastiques et conférencier pour diverses associations durant la guerre. A ces occasions, rencontres avec Picasso, Braque, Léger, Aragon…
1946 Participe à l’exposition surréaliste de Lille avec Magritte, Delvaux et son ami Clovis Trouille.
1972 Exposition Douze ans d’art contemporain au Grand Palais avec un groupe de jeunes peintres le reconnaissant comme précursseur.
1973 Parution aux Editions lOsfeld d’une monographie de qualitée rédigée par Jean-Marc Campagne et intitulée: Alfred Courmes, prospecteur de ́mirages entre ciel et chair.
1978 Prix Dumas-Millier de l’Institut de France et Prix Panique remis par Topor. 1991 Promu Chevalier de la légion d’honneur par le ministre de la Culture 1993 Décès le 8 janvier à Paris. Il repose au cimétière de Boissy-Saint-Léger.
Expositions personnelles
– 1927 Galerie du Montparnasse, Paris – 1977 Galerie Jean Briance, Paris – 1978 Musée de Grenoble
Galerie Jean Briance, Paris – 1982 Galerie Jean Briance, Paris – 1986 Galerie Berggruen, Paris – 1987 Galerie Jan Briance, Paris
Art Jonction International, Nice
Galerie Berggruen, Paris – 1988 Galerie Berggruen, Paris – 1989 Centre Georges-Pompidou
Musée de Roubaix – 1989 Musée de Poitiers Musée d’Issoudun
– 2003 Musée de Bormes-Les-Mimosas
Musées: Alger, Beauvais, Blérancourt, Boulogne-Billancourt, Centre Georges-Pompidou, Grenoble, Issoudun, Poitiers et Roubaix