Ado Chale
Ado CHALE (né en 1928), ferronnier de formation, il se dirige vers la sérigraphie publicitaire sur tôle émaillée dans les années 1950.
Il découvre la minéralogie à la faveur d’un voyage en Allemagne.
Son épouse gemmologue, Huguette Schaal (Esch-sur-Alzette, 21/12/1929 – Bruxelles, 28/02/2011) ouvre en 1961 la galerie « Chale » rue de Livourne à Bruxelles.
La galerie s’installe ensuite, de 1965 à 1985, au 117 avenue Louise. Y sont exposées et vendues, dans un hôtel de maître, dont la façade en pointe de diamants est due au céramiste Pierre Culot, des créations originales de mobilier en matériaux nobles, rares et précieux, dans un décor conçu par l’architecte André Jacqmain.
Très vite, Huguette Chale s’impose comme l’une des figures influentes de la décoration et des galeries d’art à Bruxelles. Dans les années 70, Huguette Chale joue un rôle prépondérant dans la production et la diffusion des œuvres du sculpteur belge Olivier Strebelle (1927).
En 1967, l’architecte Henri Montois (1920-2009) commande à Chale 25 tables basse incrustées de marcassite pour les aménagements du Brussels Hilton, boulevard de Waterloo. Pour l’Exposition Universelle de Montréal, la même année, à la demande de l’architecte André Crivelli, il réalise, dans le même matériau, une carte de la CEE de plus de 10m² pour le pavillon de l’Euratom.
Lors de sa visite officielle du mois de mai 1971, le président français Georges Pompidou se voit offrir par le couple royal une table basse en bronze et pastilles de malachite, personnellement choisie par les souverains belges dans la galerie de l’avenue Louise.
Des plateaux de table en résine époxy à simples incrustations de pierres semi-précieuses de ses débuts, Ado Chale se dirige vers une sophistication visuelle de plus en plus raffinée, pour atteindre sa maturité dans les années 1970.
Il fournit, à partir de son atelier d’Ixelles, son magasin en meubles originaux dont les plus caractéristiques sont, montés sur des piétements métalliques tripodes noircis ou en fonte d’aluminium, des plateaux de table en résine de polyester et inclusions de minéraux: marcassite, agate, ardoise ou bois fossilisé, qu’il importe d’Arizona. Dans le goût de Gustav Klimt et de sa fresque pour la salle à manger du Palais Stoclet à Bruxelles, Chale compose des mosaïques de pierres semi-précieuses : jade, turquoise, lapis-lazuli, hématite, agate calcédoine, cornaline, œil de tigre, rhodochrosite ou malachite.
Il utilise également dans la confection de plateaux l’os, les grains de poivres noyés dans la résine et poncés, des boutons de nacre ou même des touches de pianos en ivoire dont il fait des consoles, des secrétaires, ou des banquettes, proches des œuvres et de l’inspiration du sculpteur surréaliste Vic Gentils (1919-1997). Il inclut des pierres semi-précieuses dans ses luminaires, crée des meubles originaux, fait couler des tables « sculptures » en bronze et en aluminium, ou encore fabrique, pour les accompagner, une série de chaises en bois laqué ou noirci, tributaires du style géométrique minimaliste d’Emiel Veranneman (1924-2003), dont la galerie est située, de 1965 à 1974, quelques numéros plus loin, au 137 de l’avenue Louise.
L’influence de Chale est telle qu’il devient, sans le vouloir, le chef de file d’un courant de décoration à Bruxelles qui lui vaudra, dans les années 70 d’être imité, notamment dans l’utilisation des minéraux comme éléments décoratifs, ou de l’or, comme couleur ornementale.
Les années 80 voient la consécration de l’artiste à plusieurs reprises encore. Celui-ci vit désormais séparé de son épouse, Huguette Chale. Des rétrospectives sont organisées. En Belgique (musée d’Ixelles, 1986), en France (Musée des Beaux-Arts de Nancy, Palais des Papes d’Avignon, 1987) ; jusqu’au Japon où la chaîne de grands magasins Seibu, qui possède son propre musée d’art contemporain, organise en novembre 1988 une exposition destinée à faire connaître les richesses du savoir-faire belge.
En 1980, l’architecte d’intérieur Georges Leroux lui commande quatre bureaux gainés de boutons d’os; et quatre tables en bronze à motif radiant, ainsi que du mobilier pour l’aménagement des suites royales, des dégagements et des quartiers VIP de deux hôpitaux de la National Guard construits à Djeddah et Riyad pour le roi Khalid par le consortium belge Eurosystem.
En 1981, le couple royal belge passe une commande supplémentaire chez Chale à l’occasion des noces du Prince de Galles et de Diana Spencer. En réalité, Baudouin Ier et Fabiola de Belgique sont des clients fidèles depuis l’ouverture de la galerie vingt ans plus tôt, rue de Livourne. D’autre cadeaux officiels suivront, à l’attention de Béatrix des Pays-Bas, ou de la chancellerie allemande.
En 1984, Chale livre un comptoir-sculpture monumental en bronze de plusieurs tonnes, aux initiales d’Union minière garni de pépites de malachite, pour rehausser l’entrée du nouveau siège de la multinationale par l’architecte Jacqmain, place Stéphanie, à Bruxelles.
En 1994, il crée une table-écrin garnie de cabochons d’onyx composée de 196 alvéoles remplies de diamants. L’œuvre, dont la valeur est estimée à 200 millions de francs, est exposée au Musée du Diamant à Anvers.
Fin des années 2000, Ado Chale bénéficie d’un très fort intérêt qui fera de lui l’un des artistes belges les mieux côtés sur le marché avec une demande très suivie outre-Atlantique.