LAVATELLI – Tapisserie – 1975-77
Carla LAVATELLI (1928 – 2006)
«La naissance de la lumière»
Circa 1975 – 1977
Tapisserie en laine points noués
Manufacture de Portalegre, Portugal
H. 210 cm, L. 298 cm
Naissance à Rome le 21 août 1928 dans une famille d’artistes, d’inventeurs et d’ingénieurs. Elle passe une partie de son enfance en Afrique, ne fréquente pas les écoles des Beaux-Arts, mais apprend la sculpture en travaillant dans les fonderies, avec les tailleurs de marbre, les charpentiers et les soudeurs sur acier.
Mariage en 1947, son fils Calro naît en 1949. Elle vit alors à Los Angeles et devient citoyenne américaine en 1956.
Divorce en 1957. Après un retour en Italie, elle part vivre à Paris où elle fréquente et travaille avec les artistes français, apprenant l’art du tissage des manufactures d’Aubusson, la poterie et la sculpture à la glaise et à la cire perdue. Enfin pour compléter sa formation, elle se rend à Venise pour y travailler le verre et l’art du vitrail.
Elle monte un atelier à Rome au 54 Via Margutta.
Elle participe pour la première fois à un concours de sculptures monumentales, à Fao, avec un projet de sculpture en bois, « I Poverelli », témoin des ses débuts figuratifs.
1963-1965 – Premières expositions personnelles au Palazzio Cerio à Capri puis à Carpine, Rome, Milan et Spolète.
Elle commence à s’intéresser aux espaces publics et réalise des sculptures à structure géométrique à partir de feuilles de métal. Elle produit ses premières fontaines, « The Rainbow » notamment en acier inoxydable, lumière, eau et plexiglass.
1966 – Première exposition personnelle à New York.
1967 – Elle est invitée à séjourner à la résidence d’artistes de l’Officina Cidonio à Pietrasanta en Italie. C’est la plus jeune du groupe et la seule femme. Elle y rencontre Marino Marini, Henry Moore, Jack Lipchitz et Isamu Noguchi. Lavatelli et ce dernier décident de construire leur propre espace pour y installer leurs œuvres comme une alternative aux structures muséales et d’offrir leur travail en don aux institutions publiques. Ils partageront pendant 7 ans cet atelier. Carla travaille à ses premières sculptures en travertin et en granit et réalise « Triangles to Infinity ».
1968-1973 – Exposition de la fontaine « The Rainbow » à Palm Beach en 1968. Elle y retourne en 1969 et 1970 pour des expositions personnelles ainsi qu’à Bari, Rome, New York et Los Angeles. En 1969, la Princesse Grace de Monaco lui commande son portrait grandeur nature ainsi que ceux de ses trois enfants pour le Palais Princier.
A Genève, grâce au soutien de Madame Motte, son travail est présenté au Shah d’Iran. En 1970, celui-ci lui commande la première des 6 sculptures monumentales prévues pour son Palais et le Musée d’Art Moderne de Téhéran.
La galerie Marlborough la représente à Rome et exécute la maquette « The City » commandée par l’urbaniste new-yorkais Albert Mayer.
En 1970, elle revient à New York et installe son atelier à la 75e Street et York Avenue et commence son travail sur l’ombre et la lumière. Elle crée des bijoux et ses premières « Sculptures to wear » qu’elle expose à Chicago, New York, Paris et Montreal.
Elle retrouve Noguchi à son premier atelier de Long Island et y rencontre Gittou Knoup, Nevelson et Marisol.
Elle réalise ensuite sa première exposition personnelle de sculptures au sol en marbre et d’œuvres abstraites en bronze à l’Hakone Museum au Japon.
Exécution de « One and a Half » dédicacée au Président Fort, commandée par la New Law School de l’Université de Stanford. (Evénement filmé par la chaîne Abba International NYC qui valut à l’artiste une invitation du Président Ford à la Maison Blanche)
La Chambre des Députés italiens acquiert dans le même temps, pour la Pinacoteca di Stato à Rome, un bas-relief réalisé en 1960 « Canti e Giochi ».
Carla Lavatelli entame ensuite une série de voyages en Chine, en Inde, en Perse, en Israël, en Allemagne, en Hollande en France et en Grèce.
Expulsée de son atelier via Margutta à Rome, elle est invitée par Horace Kadoorie à visiter ses établissements à Hong Kong où elle réalise trois de ses plus grands tissages.
En 1972, Cidonio meurt et Carla commence la construction de son propre dépôt de pierre à Camaiore. Elle réalise la première version de « The Fontain with Permanent Shadow », puis « Peace Booth » et « Playground ».
En 1973, elle exécute « Golden Pond » pour les jardins botaniques de l’Université de Fribourg. Elle réalise ensuite « Stele for a Prayer », « Stele for Peace » et « Maps of Light ». Elle travail à la sculpture monumentale en acier commandée par l’éditeur Georges Dela Corte pour Park Avenue, New York.
1974-1979 Exposition personnelle à la Galerie Iolas à New York et à la Phillips Collection à Washington. A l’occasion de cette dernière, elle présente « Maps of Light ».
Elle réalise son premier essai de sculpture d’albâtre avec « For the Light ».
« Stele for a Prayer » est acquise par le Musée d’Art Moderne de San Francisco.
En 1976, Gimpels lui organise une exposition personnelle et elle monte l’exposition en plein air « For the Spring ».
A cause d’un terrible accident qui endommage une grande partie de son œuvre, elle tombe malade et perd temporairement la vue.
En 1978, sa santé retrouvée, elle quitte Gimpels et Weitzenhoffer et construit son propre espace dans un garage abandonné d’une ancienne papeterie, monument historique, au 140 Thompson Street à New York.
Après un remarquable travail de feuilles de papier flottant en suspension et l’installation « Festa for the Roses » qui restera un événement pendant un an, deux de ses sculptures seront installées à l’Université de Princeton et au Woodrow Wilson Building (Yamasaki).
Une sculpture pour Park 80 Playa West dans le New Jersey lui est commandée tandis qu’une autre en pierre intitulée « Black Bodigol » est acquise par le Musée de Williamsburg.
1980-1985 – Carla continue à sculpter l’albâtre et réalise « Little Big Sun », « A Muslin to show you the wind and a page of light for a line » et se consacre à d’importantes commandes privées. Elle réalise ses sculptures d’eau « For Birth » notamment avec une référence religieuse, « To catch a drop » etc.
Elle se remarie en décembre 1981 et travail à son deuxième livre. Parallèlement elle continue la restauration de sa maison à Camaiore, « The Carla Lavatelli Working Place – Sculpture Garden. » qui est un moulin du 16ème siècle.
En 1984, une sculpture monumentale en bronze et acier inoxydable lui est commandée par le Campus de l’Université de Brown à Providence.
1986-1989 – Elle réalise une installation à la Cathédrale Saint John the Divine à New York.
A nouveau gravement malade, Carla continue néanmoins à travailler l’albâtre et le bois avec notamment « In Bloom and Waterfalls ». Elle réalise toujours d’importantes commandes privées.
La restauration du moulin de Camaiore est désormais achevée. Les murs, les fenêtres ainsi que le mobilier de celui-ci ont été entièrement imaginés et dessinés par Carla qui a, par ailleurs, porté un soin particulier à l’aménagement de son atelier dans une dépendance.
Le « working place » de Carla Lavatelli à Camaiore est un lieu de vie dans lequel son art évolue aux rythmes des espaces, des lumières et des matières. Par ces multiples facettes, il est sa plus grande œuvre, une sculpture dans laquelle on vit…
En 1988, elle entame la création de « The Altar of Wind », une sculpture en albâtre, papier, cordes et bois.
1990-1993 – Elle répond aux nombreuses commandes de tapisseries et de sculptures d’eau et commence à travailler à des sculptures en céramique pour le sud de la France.
1990-1995 – Après une recherche sur une palette de 52 couleurs pour des sculptures en céramique, premier happening en Italie dans l’église San Giovanni Bartolomeo et une exposition avec Yoshikazu Iwamoto à Pistoia parrainée par le Ministère des Affaires Culturelles italien et Giuliano Gori.
Ses nouveaux projets sont les « Happening pour la paix », le premier pour célébrer le 50e anniversaire de l’ONU, puis une installation de papier au World Financial Center de New York et un à la Grace Cathedral de San Francisco.
En septembre 1993 débute son nouveau combat contre le cancer.
Elle se met à écrire et produit des livres, des collages, des dessins et de petites sculptures.
Ses projets pour les « Nations Unies pour la paix » prennent jour à Pecci. Elle reprend ses travaux des années 70 pour organiser des rétrospectives à New York, Cannes et Antibes.
La sculpture « 1-1/2 » dédiée au président Ford en 1975 a été vandalisée sur le Campus de Stanford.
1996-2006 – Après l’annulation de son projet d’exposition chez Léo Castelli à New-York en juin 1996, due à une « mésentente » avec la femme de ce dernier, elle écrit une comédie en trois actes intitulée « Léo et la Tarentule ». Elle quitte ensuite son atelier new-yorkais du 140 Thompson Street à Soho après 35 années de présence pour s’installer définitivement à Camaiore. L’acquéreur de son atelier, un architecte australien, lui achète notamment « La ligne des bois », une longue sculpture de 70 pieds.
Deux de ses sculptures « Interlocking Forms » en bronze et « Growing Energy » en marbre sont achetées par Marie Mochari pour la fondation Kasser aux États-Unis.
En 1997, Carla se met à retravailler les textiles et notamment la soie. Elle réalise ainsi des ornements pour la Grace Cathedral de San Francisco (inauguration Pâques 1998).
Entourée de son fils Carlo Lavatelli Hermann et quelques proches amis, elle poursuit l’écriture de 5 livres : « Poèmes et essais », « Parmi les oliviers au musée Renoir », « Le pouvoir de l’espoir », « Ma famille et ma vie comme sculpteur indépendant : trop d’obstacles pour un rêve ».
Commencent les négociations pour l’installation de « La ronde des mouettes » avec la ville de Mougins, elle sera approuvée après sa mort et installée en octobre 2014.
Dans les dernières années de sa vie, Carla Lavatelli, sans cesse dans l’activité et la recherche, repensera à ses créations des années 70. « La fontaine avec l’ombre permanente » complétée par le travail électronique de son fils Carlo en est un exemple.
Elle restera en contact avec le musée Picasso d’Antibes pour « Laisser un signe éphémère et non ». Elle réalisera la « Fenêtre de l’espoir » pour le pape Jean-Paul II.
La sculpture « 1-1/2 » a été restaurée et fait maintenant partie de la collection permanente du Stanford Museum, Californie.
Elle s’est éteinte en Toscane dans son jardin-sculpture qu’elle aimait tant… Mais c’est encore New York qui se rappelait à elle, sa dernière commande intitulée : « Pour la lumière ».