BOURDELLE
Emile Antoine Bourdelle naît à Montauban, le 30 octobre 1861, d’Antoine Bourdelle, menuisier-huchier, qui l’initiera au travail des matériaux dès l’âge de treize ans, et d’une mère qui lui enseignera les valeurs essentielles d’une vie simple et rustique.
En 1876, Bourdelle obtient une bourse pour les Beaux-Arts de Toulouse. Il met à profit la solitude de ses années d’étude pour réaliser ses premiers chefs-d’oeuvre : les trois Têtes d’enfants, le portrait d’Achille Bouis ou celui d’Emile Pouvillon.
En 1884, il gagne Paris où il entre dans l’atelier de Falguière, à l’Ecole des Beaux-Arts. Il s’installe en 1884 dans un modeste atelier de l’impasse du Maine.
En 1885 le jeune sculpteur envoie au Salon des Artistes Français la Première Victoire d’Hannibal, pour laquelle il obtient une mention honorable. Epuisé, le sculpteur est hospitalisé. Après une convalescence à Montauban, Bourdelle, convaincu de la vanité de l’enseignement et des prix qui le couronnent, s’éloigne de l’Ecole pour la quitter en 1886, année où il crée l’Amour agonise.
1888 est l’année où apparaît un motif récurrent dans l’oeuvre de Bourdelle : le portrait de Beethoven.
En 1891 le sculpteur expose pour la première fois au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts.
Bourdelle trouve de nouveaux maîtres, qui seront plutôt pour lui des compagnons : il fréquente l’atelier de Dalou, impasse du Maine, entame en 1893 une collaboration avec Rodin rencontré à l’atelier de Falguière. En 1897, la ville de Montauban lui commande le Monument aux Combattants de 1870.
Il fonde avec Rodin en 1900, l’institut Rodin, école libre pour l’enseignement de la sculpture. A la même époque, parmi un nombre grandissant de commandes, il réalise Les Nuées, relief destiné au dessus de scène du Musée Grévin.
Les oeuvres telles que Le Ménage Bourdelle, l’Ouragan, ou M. et Mme Bourdelle par temps d’orage, témoignent de sa vie de couple particulièrement tumultueuse.
Félicien Champsaur, Marie Bermond, Jean Moréas, Elie Faure, ou encore Jules Dalou forment son cercle d’amis intimes.
L’année 1902 révèle l’artiste au public : il inaugure le Monument aux morts de Montauban ; en 1905 a lieu la première exposition personnelle de Bourdelle à la galerie du fondeur Hébrard . La même année, il expose un Pallas en marbre à la Société Nationale des Beaux-Arts.
Il fait de nombreux séjours à l’étranger qui témoignent de l’intérêt qu’il suscite en dehors de son pays : en 1907 il est à Berlin et Genève, en 1908 il est en Pologne comme membre d’un jury pour l’érection d’un monument à Chopin.
Commence alors la période de maturité du sculpteur, son chemin se sépare définitivement de celui de Rodin. Il commence à enseigner en 1909 : donne des cours à l’Académie de la Grande Chaumière – il comptera parmi ses élèves Giacometti et Germaine Richier. Ces années sont aussi celles de la production la plus intense du maître : il réalise en une nuit les projets pour la façade du Théâtre des Champs-Elysées, travaille en même temps au Centaure mourant, à la statue de Carpeaux, au Monument à Auguste Quercy. Bourdel réalise en 1910 son chef-d’oeuvre : l’Héraklès archer, qui est exposé à la Société Nationale des Beaux Arts, avec le Buste de Rodin. Un an plus tard, Bourdelle présente le plâtre de Pénélope, et termine la maquette du Monument à Mickiewicz.
En 1913 s’achève le chantier du Théâtre des Champs-Elysées. Avec ces bas-reliefs et ces frises peintes aux sujets d’inspiration mythologique, Bourdelle réalise son idéal d’un art structural, dans lequel le décor est soumis aux lois de l’architecture. Ses recherches sur le monumental se poursuivent avec la commande du Monument à Alvear, la plus importante qu’il ait jamais reçue, puis en 1919 avec celles du Monument de Montceau-les-Mines et de la Vierge à l’offrande pour la colline de Niederbrück. Jusqu’à la fin de sa vie, Bourdelle élaborera encore de nombreux projets de monuments, mais qu’il n’aura pas le temps de réaliser (monument à Daumier, au Maréchal Foch…).
L’année 1914 est marquée par le succès à la Biennale de Venise et par la présentation du Centaure mourant à la Société Nationale des Beaux-Arts.
Son succès est bientôt couronné : en 1919, le sculpteur est promu au rang d’officier de la Légion d’Honneur. Autour de Bourdelle, de nouveaux personnages prennent place : André Suarès, Anatole France, Krishnamurti, Henri Bergson.
Tout en continuant d’exposer à la Société Nationale des Beaux-Arts, Bourdelle fonde en 1920 le salon des Tuileries avec Besnard et Perret. Il expose la Naissance d’Aphrodite au salon des Tuileries, puis en 1925 à l’exposition internationale des Arts Décoratifs (Sapho, Masque de Bourdelle), au Japon, et aux Etats-Unis. Le bronze du Centaure mourant est présenté au Salon des Tuileries.
Les dernières années de la vie de Bourdelle sont marquées par ses expérimentations autour de la polychromie. Il réalise en 1926 ses premiers essais de sculptures polychromes, la Reine de Saba et Jeune fille de la Roche-Posay. Alors que La France est présentée au Salon des Tuileries, le Monument à Alvear est inauguré à Buenos-Aires.
Un an avant sa mort, Bourdelle triomphe : la première rétrospective Bourdelle est proposée à l’occasion de l’inauguration du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (141 sculptures et 78 peintures et dessins), le 28 avril 1929, est inauguré, place de l’Alma, le Monument à Mickiewicz.
Le 1er octobre, Bourdelle meurt au Vésinet, chez son ami le fondeur Rudier.